Parcequun homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir Maréchal Foch Bonjour tout le monde - Auter : zygomard - Page : 27 - Pages : 69 - Dernier message : 12/11/2021
Àma descente de la tribune, je passai à côté de Jean Hamburger, assis à la droite de Crosnier. Je ne l’avais pas revu depuis notre dernière entretien de l’hiver 82 et mon départ de Necker pour le trou perdu de Corentin Celton. Il me lança sa main droite tendue au bout de son bras en extension complète, pour que je la prenne et la
Ilspourront entendre sonner le tocsin, feuilleter un album de coloriage de 1914, toucher des casques de poilus, comprendre une affiche envoyée dans les écoles «à la gloire de Jean Corentin
Ausommaire de Midi Libre - 18 août 2022. Nos offres. Découvrir. La revue de presse. Articles. Ma Bibliothèque. Offre pro. Tout le catalogue Kiosque Premium. Se connecter.
Ajouterà mes livres. Gérard Hubert-Richou. EAN : 9782868938565. 126 pages. Editions SED (01/09/2005) 3 /5 2 notes. Résumé : Tout commence dans la salle de classe, le 16 octobre 1918, à l'instant où Georgette, Léon, Adam et Robert découvrent une superbe affiche en couleurs. Celle-ci représente le jeune Jean Corentin Carré, 16 ans, en
Lhistoire des relations des "Républiques" et du monde judiciaire accorde une place de choix aux avocats. En 1789, un grand nombre d’entre eux vont embrasser avec enthousiasme les idées de la Révolution. Ils sont élus en masse aux États généraux, on les retrouve aux différentes assemblées. La dissolution de l’ordre des avocats par la Constituante, loin de les décourager,
Unpetit paquet de lettres, entourés d’une ficelle, restait enfoui au fond du secrétaire de la chambre, parmi les papiers familiaux. Un jeune homme de 19 ans y exprime, entre février 1915 et avril 1916, tout le projet, tout le sens qu’il veut donner sa vie : la défense de son pays et de ses compatriotes, une vie de militaire. Ces lettres ne ressortiront pas avant son décès en 1945
Laprésentation du père Maunoir à Mgr du Louet par Michel Le Nobletz. Loin de la simplicité de la conférence fraternelle Nobletz-Maunoir aux rives du Conquet, la passation officielle des pouvoirs devant l'évêque est prétexte au grand vitrail de la cathédrale de Quimper, baie 5, à l'entrée de la chapelle absidale.
Lisez« La véritable histoire de Jean-Corentin Carré, jeune soldat de la guerre 14-18 » de Sophie Crépon disponible chez Rakuten Kobo. C'est le journal intime de Jean-Corentin que nous découvrons. Il retrace la vie du jeune garçon du XX 1914 (déclaration
xHSB2. Dans le cimetière militaire de Rembercourt-aux-Pots, la tombe de Jean-Corentin Carré, mort à tout juste 18 ans. Malgré son jeune âge, le Breton était un vétéran décoré de la Croix de Guerre avec citations. Un symbole de toute une génération d'enfants-adolescents qui ont rejoint le front, et pris les armes aux côtés de leurs aînés... Né en 1900, Jean-Corentin Carré est le produit de l'école de la IIIème République qui inculque aux élèves le patriotisme et la nostalgie des provinces perdues » d'Alsace-Lorraine. Lorsque la guerre éclate, certains vont vouloir s'engager, bien que n' ayant pas les 17 ans requis pour le faire. Un phénomène qui touche tous les pays belligérants. Pour endosser l'uniforme, ces jeunes n'hésitent pas à prendre un faux nom et à mentir sur leur âge. Histoires 14-18 Jean-Corentin Carré, l'adolescent soldat • ©France 3 Jean-Corentin Carré s'engage à 15 ans en se disant né dans les Ardennes, département occupé par les Allemands, ce qui rend toute vérification impossible. Son baptême du feu a lieu dans la Marne. L'adolescent fait preuve d'un grand courage et multiplie les faits d'armes, gagnant ses galons de caporal. A 16 ans il connaît l'enfer de Verdun.... et est promu sergent. En 1917, il décide de révéler son identité. Le Petit Parisien consacre un article au jeune Breton... une véritable aubaine pour la propagande ! Mais le jeune gradé ne supporte pas d'avoir la responsabilité de cinquante vies humaines sous ses ordres. Il demande et obtient son transfert dans l'aviation. Il rêve d'action mais est affecté dans une unité d'observation. Le 18 mars 1918, il est tué aux commandes de son appareil. Un an plus tard, le ministère de l'Instruction Publique fait réaliser une affiche à sa gloire qui ornera les salles de la collection des 670 vidéos Histoires 14-18 le site Histoires 14-18 le compte twitter Histoires1418 la page facebook Histoires 14-18
About this Item Affiche 60 x 78 cm, pliures normales. Très bel état. NOTICE FOR FOREIGN CUSTOMERS The ECONOMIC SHIPPING RATE is reserved by FRENCH POST for books whose weight is less than 2KG ! We have limited too this offer for books whose value is less than 30 euros. Shipping will increase if you choose this rate for a value or heavy book. If you select a Paypal payment in this particular case we cannot change the shipping rate on Abebooks but this one will increase in the Paypal invoice. So be careful please to select the appropriate shipping rate taking into consideration the book value or the weight or both. Seller Inventory 23332 Bibliographic Details Title Affiche A la Gloire de Jean Corentin Carré... Store Description Librairie Mesnard - Comptoir du Livre Ancien et Moderne - Achat - Vente - Expertise Expertise Assurances, partage, successions, rédaction de catalogues spécialisés pour ventes aux enchères publiques Livres Anciens et Modernes / Ouvrages d'érudition. Ouvrages rares et épuisés / Photographies Anciennes librairiemesnard Visit Seller's Storefront Terms of SaleNos conditions de Vente sont conformes aux usages et à la déontologie de la Librairie Ancienne. Nous contacter pour toutes précisions sur nos conditions de ventes. SIRET 453 056 061 RCS ANGOULÊME. TVA NON APPLICABLE article 293 B du CGI. MODES DE PAIEMENT PAYPAL - Chèque - Virement et Virement International. Carte Bancaire via Abebooks uniquement. Detailed Seller Information List this Seller's Books Payment Methods accepted by seller Check PayPal Bank/Wire Transfer
J’aimerais ajouter quelques mots à propos des portraits de rois et de présidents. Pour être exact, à propos d’une image en particulier, que j’ai pu prendre un peu à la légère dans mon précédent billet, alors qu’elle est en fait tout à fait passionnante dès lors qu’on y regarde de plus près. Il s’agit du portrait officiel de Charles de Gaulle. Portrait officiel du président de Gaulle. Photographie par Jean-Marie Marcel La production d’une telle image a une logique politique incontestable. Il s’agit d’abord d’intégrer la nouveauté institutionnelle qu’est le président de la Ve République dans une tradition longue. Sa prise de pouvoir en 1958 a laissé des traces. On se souvient de la pression de militaires de l’armée française en Algérie qui menaçaient Paris et des conditions exigées par de Gaulle, à savoir un changement de constitution. François Mitterrand ne pardonnera jamais ce péché originel du régime gaulliste et vilipendera dans ses années d’oppositions le Coup d’État permanent, avant de se glisser confortablement et avec quelle aisance ! dans le costume du général-président. Bref, la présidence doit donner des gages de républicanisme et faire bien attention à l’image qu’elle renvoie de son propre pouvoir. On peut analyser plusieurs éléments du portrait à la lumière de cette exigence. De Gaulle porte, comme ses prédécesseurs, les insignes de grand-croix de la Légion d’Honneur, qu’il est devenu de plein droit en devenant le Grand Maître de l’Ordre, en tant que chef de l’État. Autre détail extrêmement intéressant il appuie sa main droite sur des livres, dans une pose adoptée par le premier président de la IIIe République, Adolphe Thiers – qui était également le premier chef de l’État français à faire le choix de la photographie plutôt que de la peinture. Quel symbole plus fort de l’enracinement de ce nouveau régime dans l’histoire républicaine, d’autant plus que ce geste est adopté par la plupart des anciens présidents ? Portrait officiel d’Adolphe Thiers, 1871. Photographie par Pierre Petit. Un autre enjeu est aussi celui de l’image personnelle du général de Gaulle. Celui que l’on n’a pas besoin de nommer le Général », avec majuscule de rigueur, que l’on reconnaît à son allure éléphantesque[1] », dans son uniforme militaire, est déjà, à son retour au pouvoir, un mythe[2]. Il l’était toujours lorsque, dans mon enfance, j’entendais les récits de sa visite dans telle ville de province après-guerre. Il l’est très certainement encore aujourd’hui quand, malgré tout l’esprit critique avec lequel j’essaie de prendre de la distance, je ne peux retenir une intense émotion à l’écoute de la belle chanson de Gilbert Bécaud, et que j’associe son image et sa voix à celles de mes grands-parents disparus, gaullâtres patentés. Ce mythe, construit notamment pendant la Résistance grâce à la diffusion de photographies destinées à répandre l’image d’un homme presque inconnu du public, est d’une intense puissance poétique au sens qu’il stimule la création et encourage les réappropriations. Les caricaturistes ne s’y sont pas trompés. Ainsi, lorsqu’il s’agit de faire coïncider la forme de son visage avec celle de l’hexagone français, en transformant son nez bourbonien, cette péninsule digne de Cyrano de Bergerac, en Bretagne, comme c’est le cas dans ce dessin de Tim, en 1969. Dessin de Tim, 1969, dans son album “Une certaine idée de la France”. De même, quand il s’agit d’attaquer de Gaulle, les étudiantes des Beaux-Arts de Paris n’ont qu’à dessiner sa silhouette pour créer leurs magnifiques affiches pendant Mai 68. Affiche de Mai68, par l’atelier de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Bref, au moment de la création du portrait officiel, il s’agit d’articuler ce mythe du Sauveur à l’image plus réglée du chef d’un État démocratique. L’apparence de normalité institutionnelle du portrait joue un rôle indiscutable. Elle permet de montrer un homme qui a abandonné son uniforme militaire pour un habit civil, qui a quitté l’état de général plus ou moins putschiste pour celui de premier magistrat d’une république. Et pourtant…. Et pourtant il ne s’agit pas ici de n’importe quel président de la IVe République, qui inaugure des chrysanthèmes et n’exerce aucun réel pouvoir. Le militaire a certes rangé sa veste kaki réglementaire, mais c’est pour mieux revêtir, non pas l’habit classique des civils, mais l’uniforme d’apparat du général de brigade qu’il est toujours notez les épaulettes, qui en sont le signe indiscutable, quoique si discret. Et surtout – ce qui est crucial – à travers le grand collier de l’Ordre de la Libération. Créé en 1941, il ne comporte qu’un seul grade, celui de Compagnon, et un seul et unique Grand Maître Charles de Gaulle. À sa mort en 1970, les Compagnons décident qu’ils ne lui donneront aucun successeur, et il restera le seul et unique chef suprême de cet ordre de chevalerie moderne. Détail du collier du Grand Maître de l’Ordre de la Libération. En arborant ce collier, de Gaulle envoie ce message clair, quoiqu’implicite sa légitimité n’est pas seulement celle de l’élection démocratique, fût-elle, à partir de 1962, au suffrage universel. Sa légitimité est celle de l’Histoire et des circonstances, celles qui ont fait de lui le chef de la France libre en 1940 et l’ont rappelé au pouvoir en 1958 pour sauver le pays. Les institutions sont une chose, mais elles représentent si peu à côté de l’onction presque sacrée que symbolise cette petite croix de Lorraine surmontée d’une épée Ce portrait, apparemment si classique et au fond si subversif, incarne un des aspects les plus caractéristiques du mythe selon Roland Barthes sa dimension tautologique. De même que Racine est Racine[3] », de Gaulle est de Gaulle. C’est ce qui fait de lui le nouveau monarque de la France. Caricature de Moissan, Le Canard enchaîné, 1963. MT Je remercie Cécile Thomé pour sa relecture de ce billet. NOTES [1] Le mot est du propre fils du général de Gaulle. Voir Philippe de Gaulle, De Gaulle, mon père, Paris, Plon, 2003. [2] Pour une analyse historique de ce mythe politique, dans la lignée de Raoul Girardet Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986, voir Sudhir Hazareesingh, Le mythe gaullien, Paris, Gallimard, coll. La suite des temps », 2010. [3] Voir Roland Barthes, Mythologies [1957], in Œuvres complètes, éd. Éric Marty, t. 1, Paris, Seuil, 2002, p. 745 et suivantes. Louis XIV en costume de sacre, Hyacinthe Rigaud, 1701 – Musée du Louvre. Depuis le livre fondateur de Louis Marin[1], le portrait du roi est une image fétiche des réflexions sur les représentations du pouvoir. Le tableau peint en 1701 par Hyacinthe Rigaud représentant Louis XIV en costume de sacre est devenu le modèle du genre. Il faut dire que derrière l’icône, si connue qu’on ne la regarde plus vraiment, se cache une œuvre assez extraordinaire, presque entièrement fantasmatique derrière son apparent réalisme[2]. Il y a bien sûr les éléments attendus d’une représentation du pouvoir la couronne est posée sur un coussin d’apparat fleurdelysé, avec la main de Justice. L’épée de Charlemagne, Joyeuse, utilisée lors du sacre à Reims[3], est portée sur le côté, comme une quelconque rapière. Le roi arbore le collier de Grand Maître de l’Ordre du Saint-Esprit. Pas de doute possible, il s’agit bien du roi, et d’un roi de majesté, représenté avec tout l’apparat, tous les symboles de son pouvoir. J’insiste un peu là-dessus parce que ce mode de représentation n’a rien d’universel. Si Louis XIV, et à sa suite les souverains qui s’appuieront sur son modèle, fait le choix d’une pompe royale, les Habsbourg d’Espagne optent au même moment pour une représentation tout à fait différente de leur pouvoir. Il suffit de voir les portraits de Philippe IV – contemporain de Louis XIV – par Velázquez, fascinants de sobriété, où le seul élément qui indique la dignité royale du modèle est le discret collier de l’Ordre de la Toison d’Or. Et puis, en regardant de plus près ce portrait de Louis XIV, on s’aperçoit de détails dissonants ou étranges. Il y a d’abord ce geste étonnant qui consiste à s’appuyer sur son sceptre comme s’il était une canne, à la manière du Charles Ier d’Angleterre peint par Van Dick, qui avait mis cette posture à la mode en peinture. Et puis il y a surtout cette position des jambes, ce pas de danse qui rappelle le jeune Louis XIV, friand de ballet, qui se prêtait lui-même au jeu des représentations devant la cour, grimé en Apollon. Comme le note Peter Burke, il y a un certain équilibre entre solennité et décontraction[4] », entre l’image éternelle d’une royauté pluriséculaire et celle, plus particulière et circonscrite, d’un siècle moderne, qui s’affranchit du modèle antique et que l’on appellera bientôt avec Voltaire le Siècle de Louis XIV ». C’est bien ce qu’indiquent les détails vestimentaires propres à la mode du temps la perruque, les manches en dentelle, les talons rouges… Mais il y a surtout cette bipartition en deux du tableau. Les jambes sveltes de danseur étonnent d’autant plus que, si le bas du corps est celui d’un Louis XIV jeune, le visage est bien celui d’un homme de soixante ans, qui a souffert mille maladies et perdu toutes ses dents et qui, dans les faits, sera bientôt condamné à se déplacer dans une chaise roulante. La couleur noir foncé de la perruque surprend d’ailleurs, de même que sa taille si imposante. Si l’on sait que Louis XIV se plaignait alors d’un douloureux furoncle persistant à la nuque, il est possible d’y voir une démonstration de courage et d’abnégation d’un homme malade mais qui supporte le poids de son métier de roi[5] ». Quoiqu’il en soit, le roi semble bien avoir deux corps. On voit bien où je veux en venir[6]. Et d’ailleurs, comme il était attendu, Ernst Kantorowicz a lui-même commenté ce tableau[7]. Pour être exact, l’image qu’il commente est plutôt la caricature par William Makepeace Thackeray 1811-1863, romancier et dessinateur anglais. Selon Kantorowicz, ce décalage dans l’image n’a pour but que de donner à voir le corps mortel du roi, celui qui vieillit et qui mourra un jour, tandis que les regalia, les symboles de sa dignité, demeurent éternellement intacts. Caricature du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud, William Makepeace Thackeray – The Paris Sketch Book by Titmarsh, 1840. On pourrait multiplier les analyses de détail de ce tableau véritablement passionnant. Mais si l’on n’en doit retenir qu’une seule chose, ce sont les décalages, subtils et indirects, qui interrogent et étonnent. Si le tableau n’implique pas de lecture évidente, mais encourage au contraire la réflexion et le recul, c’est peut-être que l’objet qu’il nous présente appelle une telle attitude. Le pouvoir qui nous est représenté est mystérieux et énigmatique. Il pose problème, il interroge. De mon point de vue, c’est toute la grandeur de cette œuvre d’art, qui fait d’elle quelque chose de beaucoup plus fort qu’une vulgaire peinture de propagande, à la lecture facile. J’ai dit que ce portrait avait été la matrice des représentations officielles des successeurs de Louis XIV, et il faut bien admettre que l’on retrouvera souvent le même modèle. Le portrait en costume de sacre de Louis XVI par Duplessis se passe presque de commentaire. De la même manière, les présidents de la Ve République perpétuent à leur façon une tradition de représentation du pouvoir, avec son apparat ou non. De 1958 à nos jours, on peut distinguer deux traditions différentes. La première, classique, représente le président arborant les symboles de sa dignité. C’est le modèle choisi par Charles de Gaulle, puis par Georges Pompidou, et plus récemment par Nicolas Sarkozy. Une deuxième option est explorée par d’autres présidents, qui consiste au contraire à refuser l’apparat trop clinquant du pouvoir. Le portrait de Valery Giscard d’Estaing, dans le choix du fond bleu-blanc-rouge et la préférence pour le costume moderne au détriment de l’habit à queue de pie, ne semble signifier qu’une seule chose la rupture avec le passé et le choix de la modernité. Celui de Jacques Chirac est pris dans le jardin de l’Élysée, les bras croisés derrière le dos, dans une attitude qui se veut probablement paisible et rassurante. Seule la boutonnière rouge nous rappelle que ce gentleman farmer qui penche légèrement la tête est le Grand Maître de l’Ordre de la Légion d’Honneur. Si ma préférence va à ces portraits atypiques – ou qui, du moins, s’éloignent quelque peu du modèle canonique de Louis XIV/de Gaulle – c’est qu’à mon sens ils signifient quelque chose sur le pouvoir présidentiel, qui ne peut ou du moins ne devrait être semblable à celui du roi en régime démocratique. Une forme de modestie, mais aussi quelque chose d’un peu plus commun dans ces photographies, vient nous rappeler que ces hommes sont à la tête de pays qui se veulent démocratiques. Toutes ces images, du moins, expriment une forme d’écart vis-à-vis du modèle royal du pouvoir, en posant plus de questions qu’ils n’apportent de réponses sur ce qu’est un président sous la Ve République. Mais, pour moi, le plus fascinant de tous ces portraits est probablement celui de François Hollande. Portrait officiel de François Hollande par Raymond Depardon – 2012. Ce portrait, photographié par Raymond Depardon, avait beaucoup intrigué à sa publication. Il faut dire qu’il arrivait après celui, très classique et assez laid, à mon sens de Nicolas Sarkozy. Le portrait est ici pris dans un format inhabituel en lui-même puisque le cadre est carré et Depardon explique qu’il a pris le cliché avec un vieil appareil de 1962. Les symboles obligatoires sont présents – le drapeau tricolore et le drapeau européen –, mais tandis que dans le portrait de Sarkozy ils figuraient très classiquement dans un drapé qui se voulait probablement élégant, ici ils sont dans le décor, en arrière-plan. C’est d’ailleurs cette composition, avec en arrière-plan assez flou le palais de l’Élysée éclairé d’une belle lumière d’été, et le personnage central comme s’avançant vers l’objectif, qui fait que l’image est réussie pour moi. Et puis il y a la posture. Hollande n’est pas tout à fait de face, pas tout à fait de trois-quarts non plus. Le visage est plutôt calme et donne une impression de sérénité, mais le bas du corps vient contrarier ce premier aperçu, notamment dans la manière dont les bras et les mains sont mis en avant par le cadrage – puisqu’il me semble bien que c’est une sorte de plan américain, celui dont on se servait dans les westerns pour voir les colts à la ceinture des cow-boys et leurs mains prêtes à les dégainer. Ces mains un peu balourdes, qui ne savent pas bien comment se placer, qui semblent hésiter entre la formalité du garde-à-vous et le relâchement décontracté, je les trouve particulièrement éloquentes. Il me semble bien qu’elles disent, dans leur inadéquation, une sorte de mystère du pouvoir qui, tout en n’étant pas si éloigné de celui que peignait Rigaud, est bien plus problématique encore en 2015 dans la République française. Ce type est à la fois tranquille et anxieux, sûr de son élection récente et inquiet de l’incarnation qu’il va produire. Il rentre dans le cadre du pouvoir, s’avance face au public, plutôt qu’il n’y figure de toute éternité. À la fin de la représentation, il pourra en ressortir, selon la loi de l’élection démocratique. Le portrait de François Hollande est-il réussi ? Il a en tout cas suscité nombre de commentaires et de critiques. Toujours est-il qu’à l’instar du modèle ancien du portrait du roi, et quoique bien différent de ce dernier, il continue à intriguer en posant tout autant de question sur ce que peut être le pouvoir. C’est probablement tout son mérite. Post Scriptum Il y a quelques jours était diffusé un documentaire sur la présidence de François Hollande – et c’est en le regardant que j’ai repensé à Rigaud et Depardon. Le réalisateur, un habitué des documentaires politiques, a obtenu l’autorisation de filmer l’intérieur de l’Élysée et de suivre plusieurs personnages importants dans le dispositif présidentiel français le secrétaire général, le conseiller en communication, et bien sûr le président lui-même. Aussi ennuyeux et irritant que parfois passionnant pour qui s’intéresse aux questions de représentation, ce documentaire posaient de nombreuses questions, dont celle-ci qui devrait intéresser les dix-huitiémistes pourquoi faut-il que le pouvoir en France soit associé au mobilier et à l’architecture du XVIIIe siècle ? Pourquoi le président vit-il dans un palais qui appartint un temps à Madame de Pompadour ? Pourquoi notre référence visuelle implicite, dans ces dorures des ministères et des palais de la République et ces bureaux marquetés, est-elle Louis XV ? J’avoue ne pas avoir de réponse claire. Je remercie Cécile Thomé pour la relecture de ce billet, qui est dédicacé à Bertrand Nicolle, autre grand amateur de portraits du roi. MT NOTES [1] Louis Marin, Le portrait du roi, Paris, Éditions de Minuit, coll. Le sens commun », 1981. [2] Pour une contextualisation historique et un développement plus précis de ces quelques pistes d’analyses, voir le très bon article de Myriam Tsikounas, De la gloire à l’émotion, Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud », Société & représentations, 2008/2, n° 26, p. 57-70. [3] Voir sur le sacre Jacques Le Goff, Reims, ville du sacre », in Pierre Nora dir., Les lieux de mémoires, t. 1, Paris, Gallimard, coll. Quarto », 1997, p. 649-733. [4] Peter Burke, Louis XIV. Les stratégies de la gloire [1992], Paris, Points, 2007, p. 48. [5] Myriam Tsikounas, De la gloire à l’émotion », art. cit., p. 65. [6] Je fais référence à la théorie des deux corps du roi, développée par l’historien allemand Ernst Kantorowicz Les Deux Corps du Roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge [1957], in Œuvres, Paris, Gallimard, coll. Quarto », 2000. Pour une synthèse voir la note de lecture de Loïc Blondiaux, Politis, 1989/2, n° 6, p. 84-87. Lien [7] Ernst Kantorowicz, Les Deux Corps du Roi, op. cit., p. 936-937. "Il faut reprendre le XVIIIe siècle à sa légende" Jean Starobinski
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